Pauvres jeunes... laissons les vivre au présent !
Pauvres jeunes… C’est bien cela… En tout cas, c’est ce que je me dis régulièrement, lorsque je reçois des jeunes en « délicatesse » avec l’école…
Force est de constater que les jeunes sont régulièrement confrontés à une pression importante pour réussir et pour se projeter dans l'avenir. Les attentes des parents, des enseignants et de la société en général peuvent créer une pression intense pour les jeunes, qui, pour beaucoup, peuvent se sentir dépassés et démotivés par rapport à leur avenir.
L'obligation d'être performant en permanence, lors de contrôles continus étalés sur plusieurs années par exemple, peut également être difficile pour les jeunes en difficulté scolaire. Les normes sociales exigent des jeunes qu'ils soient compétitifs, ambitieux et performants dans tous les aspects de leur vie.
Les élèves ont l'impression que le système scolaire actuel ne leur laisse pas de droit à l’erreur. Pour exemple, plusieurs jeunes que j’ai vus dernièrement ont passé quelques épreuves de bac blanc. Quelques-uns estiment avoir peu réussi, pour diverses raisons. J’ai essayé de les rassurer en leur rappelant qu’un BAC blanc sert justement à s’entrainer (en tout cas, c’est ce qu’on m’a toujours dit). Ils m’ont tous répondu immédiatement que la note allait compter dans leur moyenne générale, avec un coefficient, et donc pour leur BAC, via le contrôle continu…
Alors oui, notre système éducatif a tendance à évaluer les élèves principalement en fonction de leur capacité à obtenir des notes élevées, ce qui peut les amener à se sentir dévalorisés et découragés.
Et étonnement, il est souvent coutume d’entendre que l'échec fait partie intégrante de l'apprentissage. Ce n’est malheureusement vécu que très rarement comme cela par un bon nombre de nos ados, alors que les erreurs et les échecs sont justement des occasions de réflexion et de croissance, et devraient être considérés comme des opportunités d'apprentissage plutôt que comme des échecs définitifs. A quoi cela sert-il de ressasser un passé qui n'existe plus, tout en redoutant un avenir qui n'existe pas encore ?
La vie est remplie d'erreurs et d'échec. Apprendre à faire face à ces situations est une compétence cruciale pour réussir dans la vie. Les élèves devraient être encouragés à apprendre de leurs erreurs et à développer leur résilience face à l'échec, plutôt que de craindre l'échec et de se sentir limités dans leurs possibilités. Et en ce sens, il n’est pas faux de constater que notre système scolaire faillit…
Et la vie ne se limitant pas au seul monde scolaire (c’est bien de le redire : l’école est importante, mais non primordiale !), il faut bien reconnaître que la réussite scolaire n'est pas tout. De nombreux exemples de personnes, stars ou anonymes, ayant eu des parcours scolaires chaotiques sont souvent médiatisés et montrent à quel point on peut réussir sa vie malgré cela.
Alors, les jeunes peuvent avoir des talents et des compétences dans d'autres domaines, parfois très décalés, qui peuvent être tout aussi importants. Encourager ces talents et ces passions peut aider à stimuler la confiance et la motivation des jeunes, ainsi qu'à favoriser leur développement personnel, dans la mesure où la reconnaissance de qui ils sont et de ce qu’ils savent faire pourra leur permettre de se sentir utiles.
De plus, rappelons-nous : l'apprentissage et la réussite ne sont pas des processus linéaires. Les jeunes peuvent apprendre de leurs erreurs et se développer à leur propre rythme.
Cela nécessite alors un bon équilibre entre la pression vécue par le jeune, et le temps dont il a besoin pour s’épanouir.
Les jeunes devraient donc être encouragés à profiter du présent, à explorer leurs passions et leurs talents, et à prendre leur propre chemin dans la vie. En reconnaissant leur potentiel et leur valeur en tant qu'individus, nous pouvons les aider à surmonter les obstacles et à réussir dans la vie.
Par ailleurs, l'orientation vers des parcours scolaires spécifiques ajoute souvent à cette pression, avec des dispositifs qui échappent à toute maitrise de son avenir par le jeune, en particulier lorsque les dates de validation des vœux d’orientation sont dépassées. Le recours à l’informatique à parfois une fâcheuse tendance à rigidifier notre fonctionnement administratif, avec des délais incroyables : on commence parfois à demander aux lycéens de se positionner avec neuf mois d’avance, alors qu’ils ont à peine pris pied, au bout d’un trimestre, dans leur nouvelle section. Les jeunes peuvent se sentir alors obligés de choisir une voie spécifique, conforme à des attentes diverses, ou par ignorance de l’existant, même s'ils ne sont pas sûrs de ce qu'ils veulent faire dans leur vie. Malheureusement, une fois le choix validé, il est très, très compliqué, pour ne pas dire impossible de revenir en arrière. Le choix devient crucial ! et se tromper peut être vécu comme fatal…
Et pourtant, l’avenir n'est pas fixé et les jeunes devraient avoir la capacité de changer de direction ou de poursuivre de nouveaux objectifs. Ils devraient être encouragés à explorer différentes options pour leur avenir, à prendre des risques et à apprendre de leurs erreurs. En fin de compte, c'est leur vie et ils devraient avoir le pouvoir de décider de leur propre chemin.
La communauté éducative dans son ensemble, parents, enseignants, adultes de référence… peut jouer un rôle important en créant un environnement où les élèves se sentiront en sécurité pour tester, revenir en arrière et explorer de nouvelles idées, sans avoir peur de l'échec ou de la critique.
D’un autre côté, les jeunes ont aussi besoin de profiter du présent et de prendre le temps de se développer en tant que personnes. Ils doivent avoir des occasions de participer à des activités qui leur plaisent, de socialiser avec leurs pairs, de se détendre et de se reposer. Tout cela peut aider à réduire le stress et à améliorer leur bien-être émotionnel, ce qui peut à son tour améliorer leur capacité à apprendre et à réussir à l'école. La boucle (et la bonne !) serait alors bouclée !
Par ailleurs, profiter du présent peut aider les jeunes à découvrir leur passion et à suivre leur intuition. Lorsque les jeunes sont trop préoccupés par l'avenir, ils peuvent passer à côté de leurs intérêts et de leurs passions actuelles. Prendre le temps de découvrir ce qui les passionne peut les aider à trouver leur voie dans la vie et à développer leur créativité et leur imagination.
Et surtout, vivre dans le présent permet de rester concentré sur ce qu’on est en train de faire… C’est tout le secret de performance ! Il peut être nécessaire de faire de temps à autres des incursions dans le passé (pour profiter de son expérience, éviter de refaire des erreurs qu’on a déjà commises, ou au contraire mobiliser à nouveau des stratégies efficaces) et dans le futur (imaginer l’objectif atteint, comment ce sera bien quand on sera débarrassé de la tâche en cours…), mais de manière furtive uniquement ! Le seul vrai temps qui compte vraiment, c’est le présent !
Cependant, il est important de noter que profiter du présent ne signifie pas être irresponsable. Les jeunes doivent toujours être conscients de leurs responsabilités et de leurs engagements, comme l'école, le travail et leur santé. Cela signifie qu'il est important de trouver un équilibre entre les moments de plaisir et les moments de travail.
En fin de compte, il est important de créer un environnement éducatif qui encourage la diversité des talents et des perspectives. Les éducateurs devraient aider les élèves à identifier leurs forces et à utiliser ces forces pour atteindre leurs objectifs, plutôt que de se concentrer uniquement sur les notes, les examens ou un avenir finalement incertain (en tout cas, si de votre côté vous avez des certitudes à son propos, n’hésitez pas indiquer comment vous faites !). En fournissant des ressources et un soutien appropriés, les jeunes pourront se sentir valorisés, motivés et capables de réussir dans la vie, de s’insérer dans notre société de manière saine et responsable.
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